D'avance, désolé pour le petit manque de photos...
Landerneau est une jolie petite ville non loin de Brest. Elle a tout pour plaire : de vieilles pierres, un pont médiéval encore habité aujourd'hui, des crêperies, un festival de musique bretonne l'été etc. et son église de Saint-Houardon surplombant légèrement la ville.
Minute ! Le titre c'est église "Saint-Thomas", pas "Saint-Houardon" ! Et oui, sauf qu'un touriste ne verra que Saint-Houardon, et pas Saint-Thomas !
Le fameux pont dont j'ai parlé plus haut relie les deux parties de la ville qui est séparée par le fleuve Élorn. La partie nord de la ville est donc en Léon, et l'autre, qui comporte l'église Saint-Thomas (petite, en pierres grises et entourée d'assez près de maisons), en Cornouaille.
Église Saint-Thomas, Landerneau, Finistère
Commençons par le commencement : qui est ce saint Thomas ? Ici, il s'agit de saint Thomas Becket, aussi dit de Canterbury (il était l'archevêque de cette ville). Au XIIe siècle, ce saint s'opposa vivement au roi d'Angleterre Henri II Plantagenêt, notamment parce que celui-ci voulait soumettre l'Église à sa propre justice. En 1170, après un exil en France, Thomas Becket est assassiné plus ou moins par ordre d'Henri II dans sa cathédrale le 29 décembre.
Il se trouve que le père du commanditaire de l'église (le vicomte de Léon, Guyomarch IV) avait eu lui aussi quelques démêlés avec Henri II. Voici donc la raison probable pour laquelle Guyomarch IV a choisit ce saint patron : il souhaitait affirmer l'indépendance de sa famille et de la Bretagne face au roi d'Angleterre.
Il y avait donc, dès le XIIe siècle, une église à l'emplacement de l'actuelle qui date du XVIe siècle et qui fut rebâtie en raison de la prospérité bretonne. Plus qu'une église, il y avait tout un enclos (disparut même si on peut encore en deviner quasiment tout le trajet), un calvaire (l'actuel date du XIXe siècle), une chapelle ossuaire (encore existante) et un cimetière (déplacé).
À noter que la place Saint-Thomas elle-même a subit de gros bouleversements puisqu'à l'époque de Guyomarch IV, et après, il s'agissait d'un carrefour menant à Quimper.
La chapelle ossuaire de 1635 dédiée à saint Cadou est en pierre jaune de Logonna, comme d'autres maisons de la place (pour en savoir plus sur la pierre de Logonna, c'est ici !). Elle était divisée en deux : une partie avec un autel et une autre pour entreposer les corps. Face à la chapelle, le côté gauche comporte les traces d'une porte : au XIXe siècle, la chapelle servit d'habitation, et le côté droit comporte encore les traces des gonds d'une ancienne porte, peut-être celle de l'enclos avant qu'il ne soit détruit.
Notez également la tête de mort gravée, un peu cachée, mais visible !
De l'église en elle-même, qu'y a-t-il à dire ?
Tout d'abord le clocher-porche, qui date du XVIIe siècle (déposé et remonté au XIXe siècle, le troisième balcon et le dôme datent d'ailleurs de cette époque) abrite dans sa base des bancs, mais inutilisables car bien trop hauts : ils sont purement décoratifs ! Douze niches décoratives et vides représentent les emplacements habituels des apôtres dans les porches. La grande niche centrale polychrome abritait jusqu'en 1985 la statue en bois d'une Vierge couchée (v. 1430/50) désormais dans le bas-côté nord de l'église. C'est un exemple de représentation rare de la Vierge, il serait dommage de ne pas aller l'admirer !
Clocher-porche de l'église Saint-Thomas, Landerneau, Finistère
L'église en elle-même est simple, architecturalement. Les sablières sont très belles, polychromes, plutôt basses et assez bien éclairées : Saint-Thomas est un bon endroit pour voir ce type de sculptures dans de bonnes conditions ! Parmi les motifs, nous trouvons des scènes quotidiennes (musiciens), des masques précolombiens, des motifs de cuirs retournés, des vases et bouquets et des putti.
Insolite et amusant : lorsque vous entrez par le clocher-porche, tournez à gauche, dans le renfoncement du mur. Regardez attentivement les sablières : sur l'une d'elle vous verrez un homme tirant en arrière, et par ses cheveux, une femme qui elle-même tire la queue d'un cochon. Celui-ci tente de boucher le tonneau de vin avec un bouchon qu'il tient dans sa gueule. Le message est le suivant : un cochon est plus sobre qu'un homme et une femme...
Le mobilier du chœur date de 1711 : il comporte de nombreuses scènes et dorures. La statue de gauche représente saint Thomas et la scène en-dessous son martyr.
Chœur de l'église Saint-Thomas, Landerneau, Finistère
À droite face au chœur, un peu cachée, se trouve une très belle sainte Anne Trinitaire (fin XVIe-début XVIIe siècle), exemple plutôt rare et avec de belles couleurs :
Statue de sainte Anne Trinitaire (fin XVIe-début XVIIe siècle), église Saint-Thomas, Landerneau, Finistère
Pour finir, notons les trous au sommet des colonnes du chœur : se sont des vases acoustiques, une méthode déjà existante dans l'Antiquité pour bien propager le son.
La plupart des jolies statues datent du XVIIe siècle : si vous avez la chance de croiser un guide ou un connaisseur dans l'église, alors n'hésitez pas à demander quelques explications sur les sujets représentés, c'est beaucoup plus intéressant ! Le saint Jean-Baptiste en kersanton date du XVIe siècle.
Sur les deux photos ci-dessous, voici deux exemples de statues, ainsi que de sablières :
Sur les deux photos ci-dessous, voici deux exemples de statues, ainsi que de sablières :
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Saint Jean-Baptiste, XVIe siècle, église Saint-Thomas, Landerneau, Finistère |
L'archange Raphaël et Tobie, XVIe siècle, église Saint-Thomas, Landerneau, Finistère
Voici quelques unes des raisons qui peuvent vous pousser à chercher, entrer et regarder attentivement l'église Saint-Thomas de Landerneau !
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